12 juin 2008

Quai 2
Au petit matin du 3 Juin, les lambeaux du circuit de Pau encombrent encore l’avenue de la gare. Nous traversons les courants d’air du quai 2 et nous nous installons sur une banquette, encore tout émoustillés par la rencontre entre une écrivain et ses lecteurs. Et d’emblée les sujets de la veille nous rattrapent : « Dieu le grand absent…et le mal dont on ne peut L’innocenter totalement…pas plus qu’on ne peut dédouaner l’homme du malheur provoqué…mais la Bible, dans la Genèse, n’aurait-elle pas raison d’introduire un autre partenaire qui vient « serpenter » entre le créateur et son « image » ...pourquoi le mystère du Bien n’interpelle-t-il pas autant que celui du mal ?...pourtant la vie n’en finit pas de narguer la mort et l’enfant de jouer dans les ruines de sa maison… »
Derrière nous, trois personnes ont pris place. Le train a du retard. Elles attendent silencieuses. Platon, Augustin, Blondel, Serres, Girard, Dagens, Guillebaud, Onfray, tourbillonnent dans les volutes de la première cigarette matinale. Il est 7h45. Les six pavillons ouverts au-dessus des trois dos inconnus n’en croient pas leurs tympans : quels sont ces deux cinglés qui, sur le café du matin, s’encombrent encore de questions aussi oiseuses qu’inutiles et de réponses à jamais provisoires ? A moins que les cerveaux qui coiffent les six oreilles, ragaillardis par ces fleurs de pensées matinales, n’en fassent leur miel de la journée. Mystère, là aussi insondable, de l’être humain.
Et nous, comme si les trains ne passaient que pour nous saluer, comme si le froid faisait un détour pour nous épargner, comme si la pluie n’intéressait que les autres, nous discutions comme si les deux étudiants que nous avions été n’avaient jamais cessé de l’être. Magie du quai 2 quand Sylvie Germain reprend le train pour de nouvelles pages.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel bonheur si, un jour, "ces fleurs de pensées" devenues enfin accessibles parfumaientla vie du commun des mortels!

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.