11 mai 2008

Esprit.
« Fait preuve de mauvais esprit », « contribue au bon esprit de sa classe », telles étaient les appréciations qui fleurissaient parfois en marge de nos bulletins de notes. Nos maîtres d’école étaient satisfaits quand ils étaient parvenus à « faire régner un bon esprit » dans leur école. Ils savaient qu’à la faveur de ce « bon climat» certains écoliers pouvaient révéler des aptitudes insoupçonnées. Mais ils avaient, également, appris de l’expérience qu’il suffisait de deux ou trois énergumènes pour perturber cette météo fragile : rires sous cape, railleries sournoises, moqueries blessantes, bruits insolites, autant de coups de canifs qui venaient déchirer « l’esprit » commun. Croyaient-ils, ces professeurs, que deux esprits, celui du Bien et celui du Mal, se livraient bataille dans le champ clos de la classe pour prendre possession tour à tour du pouvoir ? Non. Ils voyaient bien que le mauvais génie des uns n’était que le détournement et le mauvais usage du bon génie des autres. Sinon, ils n’auraient jamais espéré une quelconque amélioration dans la trajectoire de certains enfants.
Ces souvenirs remontent de ma mémoire en cette fête de la Pentecôte. Qu’appelons-nous « Esprit Saint » ? De par notre création l’Esprit de Dieu nous anime. A l’origine « l’Esprit planait sur les eaux » de la Genèse et le souffle du Seigneur pénétrait la vie de l’être humain pour le faire devenir « image de Dieu » nous dit la Bible. Toute l’histoire du peuple de Dieu témoigne de la présence de cet Esprit divin qui culmine dans la Parole et les actes des prophètes.
Malheureusement ces dons que Dieu nous fait (dont on nous dit qu’ils sont au nombre plénier de 7) pour devenir des hommes selon son désir, nous les dévoyons de leur finalité, comme l’élève qui fait montre de « mauvais esprit ». Connaissance, intelligence, esprit filial, conseil, sagesse, force, respect de Dieu deviennent entre nos mains possessives autant d’atouts et d’outils pour contrarier notre vocation humaine et détériorer la création jusqu’à provoquer leur dégradation. L’énergie divine que Dieu avait infusée en nous se retourne contre Lui et, donc, contre nous.
Il faut que Celui qui possède l’Esprit du Père dans son intégralité, Celui qui fait triompher la Bonté de l’Esprit vienne nous la partager. C’est l’expérience de la Pentecôte ; expérience qui ne se réduit pas à une histoire entre Dieu et moi. Si c’est bien l’Esprit de Dieu dans sa plénitude retrouvée qui inonde ma vie, alors c’est l’humanité entière, et tout l’univers que j’accueille dans l’Esprit. Je me dois de rester ouvert à toutes les « langues-cultures » des hommes, à la plainte étouffée de la terre qui gémit « dans les douleurs de l’enfantement », comme à ses bouffées de joie.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

A tous les Nicodème que nous sommes fêtons comme il se doit la naissance de l'Église: Esprit de Pentecôte emporte nous dans ton élan

Anonyme a dit…

Bonjour, le murmure de la Source, le souffle de son Esprit? Je les oublie si vite quand je ferme les écoutilles et pourtant...
AV

Anonyme a dit…

Et l'esprit paysan dans tout ça ?
Comme les jean's il a suivi la mode: il s'est délavé. Avec la taille des tracteurs il a pris de l'arrogante hauteur tout en s'éloignant de la terre humilité.
N'ayons pas peur, le paysan remettra les pieds sur terre et retrouvera l'esprit sain.
F.R.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.