10 mars 2008

Nécessité et Esprit Saint
Le téléphone sonne. C’est un vieux confrère, féru de littérature et de belles lettres : « Jean, j’ai beaucoup aimé la page 147 de tes Eclats de vie. »- Il s’agit d’un article dans lequel je préconise de former des prêtres, à la fois réguliers et mobiles, regroupés autour de l’évêque, partageant sa mission et mis au service de prêtres ou de chefs de communautés, plus résidentiels, qui ne seraient pas tenus aux trois vœux. Et ce confrère ajoute : « Ne te fais de souci, ça vient. L’Esprit Saint y travaille. « Quand les vieux que nous sommes auront disparu des églises et que les caisses seront vides, les décisions s’imposeront d’elles mêmes. Depuis que j’ai compris cela, je suis mieux et, même, je prie mieux ! »
Ce n’est pas la première fois que j’entends cet argument, y compris dans ce qu’on appelle les « instances supérieures ». Devant certaines impatiences pastorales manifestées par les jeunes prêtres que nous étions, les anciens ne se privaient de nous dire : « Tu as raison mais ne changeons rien, ça viendra tout seul. » S’en remettre ainsi à la Loi de la nécessité n’est ce pas avouer que nous avons perdu toute faculté d’anticipation, de réflexion, de prospective, toute capacité d’imagination, d’adaptation, de lecture de ces « fameux signes des temps » chers au Concile Vatican II. Si notre Dieu n’est pas celui du passé mais celui de l’avenir, alors nous allons à Lui, mais à reculons.
En outre, compter sur la nécessité pour solutionner nos difficultés, n’est-ce pas nous exposer à des décisions prises dans l’urgence, alors que les changements de comportement en matière religieuse demandent de lentes maturations et de patientes préparations.
L’astuce théologique ou le flair du croyant (appelé « sensus fidei ») consiste, alors, à baptiser la nécessité du nom de l’Esprit Saint. Il n’est pas rare, en effet, de constater que, dans sa longue histoire, l’Eglise, sous l’effet de réalités temporelles souvent bien éloignées de ses préoccupations spirituelles, a procédé à des changements de cap pastoraux et même à des virages théologiques prononcés. Quelques siècles plus tard, il ne manque jamais de commentateurs avisés pour attribuer à l’action de l’Esprit Saint telle ou telle orientation ou telle ou telle institution fécondes imposées par une conjoncture imparable. C’est le cas du choix de la royauté dans la Bible. Tous les arguments, y compris théologiques, furent déployés pour éviter une telle institution qui assimilait le peuple élu aux païens. Les cuisantes défaites subies par les tribus dispersées plaidèrent en faveur du choix de la royauté qui pouvait à l’avenir rassembler une armée et l’emporter sur les ennemis de toujours. Et, au final, le roi fut considéré comme le « oint », le Christ de Dieu et capitalisa sur sa personne toutes les faveurs divines.
« Quand les caisses seront vides »… « Quand nous toucherons le fond de la piscine… » « Après Jean Paul II …», maintenant « Après Benoît XVI… » Faut-il croire que l’Esprit fait tout pour vider les comptes et tuer les papes ? Ne peut-on pas plutôt espérer qu’il sera encore là lorsqu’il faudra inventer une autre Eglise ou donner un grand coup de pied pour remonter à la surface ?

Je ne crois pas en la Nécessité fondatrice. Je crois en l’Esprit Saint qui, dans l’impérieuse nécessité où nous sommes, suscitera des fidèles chrétiens adaptés au siècle nouveau et des évêques fidèles et des papes fidèles aptes à authentifier et à encadrer la démarche de ces fidèles chrétiens.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir ,
Tout de même,L'Esprit Saint Il a "bon dos" !
AV

Anonyme a dit…

"Viens Esprit Saint, emplis le coeur de tes fidèle, qu'il se fasse une création nouvelle" Dis notre vieille prière. Je la reformule avec vous, Jean, pour qu'il nous aide à rénover notre Eglise, du moins à faire avancer ce Navire dans les eaux de notre monde ! Vous nous y aide aussi par vos enseignements, mais tout est si difficile ! Et puis, quid de toutes ces lourdeurs, de ces blocages fonctionels multiples... On retrouve votre sujet !

Anonyme a dit…

Oui, Jean, tu as raison. Ne soyons pas pressés!..L'Eglise va mal et pire, le monde va mal. On ne touche pas encore le fond de la piscine et la préparation au naufrage ce fait longue....L'Eglise n'est pas prête et les laïques, non plus. Chacun croit avoir les bonnes solutions mais çà coince énormément. Il reste pour l'instant, assez de prêtres et ils veulent garder les rennes..... Puis les laïques ne connaissent pas assez la sagesse, du moins ceux qui ce mettent en avant.... En conclusion je suis persuadé que l'Esprit Saint n'a pas sortit son puissant souffle , mais çà ne saurait tarder. Préparons-nous à recevoir son message en l'invoquant et en le priant.

Elisabethh a dit…

Je crois que l'Esprit Saint travaille en profondeur et dans le cœur de personnes qu'Il prépare pour la relève. Peut-être ne voyons-nous rien et serons-nous surpris (agréablement) par ce qui viendra ...

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.