19 août 2007

Marie, Femme.
La liturgie du 15 Août est inépuisable : « Je vis un signe grandiose dans le ciel, une femme… »
La question du rôle de la femme dans l’Eglise revient de façon récurrente. Certaines chrétiennes vont jusqu’à accuser Marie d’avoir monopolisé sur elle et limité sur la figure de la religieuse, toute la parole que l’Eglise pouvait destiner aux femmes. Une parole qui, par ailleurs, leur semble en total décalage avec la modernité. Comment refuser encore le sacerdoce aux femmes quand des chefs d’états, des ministres se recrutent parmi elles ? Seraient-elles indignes d’une telle fonction ? Doivent-elles être cantonnées à des tâches subalternes ?
Je crois que le débat sera toujours faussé tant que l’on réfléchit en termes de « fonction ». Dieu n’a que faire de fonctionnaires ! Quand on parle de ministères on se situe dans l’ordre du signe. Quel est le signe spécifique de tel ou tel service (ministère) ? Le prêtre n’est pas le responsable de la communauté, ni son administrateur. Il est signe de l’Epoux qui vient faire alliance (célébrer ses noces) en donnant et pardonnant. Ceci est spécialement vrai de l’évêque qui reçoit la plénitude du ministère. Prêtres et diacres ne le sont que par participation.
La femme « mère des vivants » est signe de l’humanité qui attend l’Alliance et plus spécialement de cette part d’humanité qui reçoit son Epoux, l’Eglise.
Dans la première Alliance la femme, Eve, est tirée de l’homme, Adam, même si celui-ci la reçoit dans son sommeil comme un cadeau de Dieu. Ce qui est prodigieux, c’est que dans la deuxième Alliance, c’est Marie qui est première. C’est elle qui engendre par l’Esprit Saint, le nouvel Adam. De même le texte de l’Apocalypse nous dit que la femme sera la dernière, le terme de l’humanité victorieuse du Mal. En ce sens, elle est non seulement « l’avenir de l’homme » mais celui de l’humanité. La femme, au commencement et à la fin de l’action de Dieu.
C’est sur ses bases là, que l’on peut parler de ministères masculins ou féminins. Nous sortons d’une très longue période où la figure du prêtre a concentré tous les ministères, souvent désignés en termes de pouvoirs ou de droits (pouvoir de lier ou de délier, de célébrer…). Nous vivons, aujourd’hui, au sein d’équipes d’animation paroissiales, des ministères largement partagés et, souvent, par des femmes. Si ce partage est vécu comme une répartition de compétences ou de fonctions, il risque très vite la compétition et la revendication. Serait-il inconcevable d’inscrire le « signe de la femme » épouse et mère dans chacun des ministères actuels ou faut-il en « inventer » de nouveaux. Si le ministère des sacrements reste le signe du Christ Epoux, il suffit de relire St Paul pour savoir qu’il peut exister bien d’autres ministères indispensables à la vie des communautés. Les ministères liés au signe de l’Epoux ou du « Christ tête » n’épuisent pas tout le mystère de l’Eglise. N’y aurait-il pas des ministères liés à "l’Eglise Epouse" plus spécialement dédiés à l’humanité éloignée de la Foi ?
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.