05 décembre 2007

Tamanrasset.
Tam pour les intimes ou pour les « pro » du désert qui n’économisent point les explications et les commentaires de leurs anciennes randonnées. Ville de la précarité qui tient à quelques réserves d’eau. Une quarantaine de personnes du temps du Frère Charles, 100000 aujourd’hui. Depuis 1990, un afflux de population fuyant le terrorisme du Nord de l’Algérie, a élargi grandement le territoire urbain et a multiplié les problèmes d’approvisionnement d’eau. Il faudra désormais la chercher à 600 Kms de là.
Au cœur de cette ville, une petite communauté: Trois sœurs, un prêtre, quelques africains venus de pays voisins, maintiennent la présence chrétienne. Un accueil sans condition, avec pour seul trésor à offrir un sourire permanent et le témoignage d’une vie aussi dépouillée que celle des gamins qui grouillent tout autour.
Le premier ermitage de Foucauld est toujours là, offrant sa fraîcheur, son silence habité et son dénuement. Plus loin, le fortin construit par ses soins, afin de protéger ses voisins d’infortune des rezzous étrangers.
Etrange impression de côtoyer une sainteté de l’extrême. Un être destiné aux honneurs militaires qui se complait dans le dernier rang ; un moine rompu à la contemplation et qui souhaite évangéliser tout le Maghreb ; un colonisateur qui sauve la culture des Touaregs ; un prêtre « collé » à la présence Eucharistique et qui est privé pendant des mois de la messe ; un croyant qui se sait pécheur et qui ne se confesse que rarement etc…
De Tamanrasset à l’Assekrem, six jours de marche sur une autre planète. Humble sensation de cheminer sur une terre, elle aussi, de l’extrême. A croire que ce paysage empierré, asséché, venté, raboté, ne peut produire que des Seigneurs de la guerre aussi farouches de ces pics torturés, ou des Saints, réduits par la pauvreté à la transparence de Dieu et à l’hospitalité des hommes.
Silencieuse admiration pour ces chameliers qui au terme de la marche quotidienne se prosternent vers l’Est et font leur prière avec le naturel et la spontanéité qui présideront ensuite au rituel du thé. « M’Ba, j’ai vu que tu faisais ta prière, comme moi. Je prierai pour que tu soies un vrai musulman. Je te demande de prier pour que je sois un vrai chrétien ». Ainsi ai- je quitté notre guide et sa fascinante planète.

2 commentaires:

Christine a dit…

Merci de nous avoir fait partager des moments d'une telle intensité....

Anonyme a dit…

C'est fou comme tous ceux qui passent là communiquent, quelque part, la même sensation intense des choses vécues, vues, "reniflées"... comme-si quelque chose de Puissant et d'Universel transcendait tout, comme si un Indiscible en commun s'y partageait... Et la "magie" de cette communion donne envie d'y partir, de suivre ces chemins...
M E R C I !

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.