14 mai 2007

Fraternité, Egalité, Liberté.

Avec le drapeau et l’hymne national, la devise républicaine a repris quelques couleurs durant la dernière campagne présidentielle.
A force de la répéter comme une évidence, on en oublierait presque qu’elle constitue une avancée majeure dans la définition d’une société. Rien de moins naturel que l’égalité. Le contraire saute aux yeux. Nous sommes inégaux par notre constitution physique, par notre héritage psychologique, par notre environnement social etc… Il n’y a pas si longtemps, que l’aîné dans les familles paysannes, se voyait octroyer l’héritage de la ferme au détriment parfois de ses frères et sœurs. On a eu beau transformer ces inégalités en « différences », il n’en reste pas moins qu’elles sont vécues comme telles par ceux et celles qui les subissent. D’ailleurs n’a-t-on inventé un arsenal de lois dites « sociales » pour rétablir un semblant d’égalité. Mais le principe reste. Nous sommes égaux devant la loi et cela est un progrès considérable. Le riche truand est passible de la justice, tout comme le pauvre voleur. Mais toute médaille a son revers. Si l’égalité était seule inscrite sur le fronton de nos mairies, le risque serait grand de tomber dans un égalitarisme aussi injuste que réducteur.
La République ne s’est pas trompée en ajoutant la liberté, c'est-à-dire la possibilité pour chaque individu de faire des choix et d’en répondre devant autrui et devant la loi. Car ma liberté s’arrête quand elle devient contrainte ou nuisance pour l’autre. Rien de moins naturel que la liberté ! Nous vivons sous la contrainte et la nécessité. Il nous faut manger ou respirer pour vivre, nous n’avons pas le choix. Nous savons par ailleurs que nombre de sociétés supportent assez bien qu’il y ait des personnes plus libres que d’autres. Le berceau démocratique grec comportait divers modèles quant à la liberté individuelle ! Il n’empêche : l’égalité et la liberté dans la foulée des « Lumières » et de la Révolution sont devenues des droits de l’Homme que nous voudrions universels.
Reste la fraternité, la petite soubrette de la triade. Elle n’est pas un droit mais plutôt un devoir. Elle n’est pas issue du siècle des Lumières mais elle prend sa source beaucoup plus en amont dans la tradition Judéo Chrétienne. Voilà, peut être, les raisons pour lesquelles on en parle moins. N’a-t-on pas d’ailleurs assez reproché aux chrétiens d’être peu regardant sur la Justice, l’égalité et les libertés, pourvu que soit sauve la fraternité ? Suffit-il pour autant de la considérer comme un simple saupoudrage, une pincée d’humanité, un zeste de générosité, qui améliorerait le goût des deux autres vertus ?
Je suis convaincu du contraire. C’est la fraternité qui fonde l’égalité et la liberté. C’est la fraternité que l’on doit proclamer en tête comme le socle indispensable de ses deux sœurs. Comment considérer autrui comme mon égal, comment reconnaître sa liberté comme un droit, si auparavant, je ne le reconnais pas comme un frère. La loi peut m’imposer de respecter l’égalité et la liberté, mais qui peut inspirer cette loi si ce n’est l’appel à la fraternité ! Ignorer, refuser, dénigrer la source chrétienne de notre culture républicaine, c’est vider notre République de son esprit, c’est rabaisser notre devise au rang d’un vulgaire mode d’emploi pour bricoleur de société.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

D'accord pour le FEL , mais y a pas mal de boulot à faire dans nos églises , fait pas bon de se mêler à une assemblée paroissiale lorsqu'on ne fait pas partie du bouillon de crabes .............
Annik

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.