04 avril 2007

Printemps.
Le printemps hésite entre soleil radieux et froides giboulées, chaleurs précoces et frimas tardifs. Chaque détour de chemin offre au marcheur son petit cadeau. Avril est particulièrement généreux. Ici le coin des humbles myosotis, plus loin les gracieuses anémones ; là le carré des asphodèles, celui des violettes et encore les fleurs des fraisiers des bois. Entêtées, les asperges sauvages se moquent des ronces et pointent leurs têtes de serpent par dessus les haies. Au même endroit, le même chêne pousse ses feuilles plus vite que les autres ; au carrefour le cerisier laisse éclater sa salve blanche comme pour narguer ses compères plus lents à la détente.
Mais quelle que soit la saison, la promenade du campagnard solitaire offre d’autres surprises. Ce sont ces enjoliveurs échappés des voitures, devenus des « enlaidisseurs » de grande marque ; ces bouteilles en plastique d’eau minérale vantant la pureté de leurs origines ; ces paquets de cigarettes qui font regretter l’absence de routes pour non fumeur ; ces billets de loto éparpillés qui en disent long sur la désillusion de l’acheteur qui rêvait fortune ; ces morceaux de tôle, témoins de quelque embardée nocturne. Passons sur les bidons de liquides en tous genres destinés à l’entretien des voitures ou des machines agricoles et ces canettes en métal qui étanchèrent le gosier de ces malpropres voyageurs.
Garez vous petites fleurs et tendres pousses, la débroussailleuse de l’équipement ignore les cycles de reproduction végétale. Elle vous engloutira bientôt dans ses mâchoires et vous aurez l’honneur de reconstituer le terreau des bas côtés que l’on appelait les fossés. Par contre elle pulvérisera métaux et plastiques. Ainsi la pollution plus discrète mais encore plus disséminée.
Incorrigibles français ! Nous avons l’un des plus beaux pays du monde et nous nous appliquons consciencieusement à le « saloper ». Consolez-vous pollueurs de tout poil et sachez au moins qu’en contemplant vos déchets, le marcheur anonyme, dans ce monde indifférent, pense « méchamment » à vous. Vous n’empêcherez pas la fougère salie de dérouler sa crosse cotonneuse dans la brume matinale.
Entre froidure et douceur, le printemps hésite ; entre révolte et engagement l’adolescent hésite ; entre droite et gauche la France hésite ; entre Rameaux et Vendredi noir, Christ poursuit son chemin….

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Je confirme Jean la description exacte que tu fais de nos bords de route. En effet la cicatrisation de ma cheville m'oblige à marcher le long de la D.934 (3 km) trois fois par semaine, et je risque à plusieurs reprises de me tordre à nouveau la cheville en enjambant une buse béton oubliée à la fin d'un chantier, un couvercle de gazinière qui n'est pas sa destination finale, et une cocotte-minute mal en point qui n'a plus sa raison de siffler...Mais la fête de Pâques est proche, peut-être avons-nous réfléchi à devenir meilleur éco-citoyen. Après ces 40 jours de carême il est temps d'entrer dans la mouvance de la résurrection et de recevoir la vie nouvelle. Nous en avons tous besoin. JOYEUSES FETES PASCALES;
Christiane et René

Anonyme a dit…

Bonsoir l'Abbé !
Voilà encore un joli mot qui interpelle le passant qui longe vos près et risque quelques pas dans la fûtée de la Foi où persent les rayons du soleil sur notre sentier... "Mais où est Jésus dans tout celà ?" a-ton envie de dire en vous lisant ! Juste là, entre ce plastique et ce myosotis ! Dans le respect de la Nature qui rime avec celui des autres ! A propos de myositis, je pense à vous, l'Abbé, en ce jour qui est votre fête, je pense à tant d'autres copains curés, présents ou partis... Bonne fête.

Anonyme a dit…

"Que celui qui n'a jamais péché me jette la première pierre".
Que celui qui n'a jamais hésité me la jette aussi.....................
Avec ces deux pierres nous commencerons à bâtir..............,
sauf si vous n'avez jamais péché, ni jamais hésité.
Quoiqu'il en soit la nature reprend toujours ses droits,
alors, quoiqu'il en soit, nous bâtirons..........................
et ce sera à nouveau le Printemps.

Anonyme a dit…

lu

Anonyme a dit…

LE DEBUT DE VOTRE TEXTE M'A FAIT PENSE AU "PSAUME DE LA CREATION", QUE NOUS AVONS CHANTE HIER SOIR LORS DE LA VEILLEE PASCALE. COMMENT NE PAS VOIR DIEU, QUAND TANT DE BEAUTE NOUS ENTOURE ?

Anonyme a dit…

LU

Anonyme a dit…

LU

Michel a dit…

Le hasard des routes imprévues, je ne sais si c'est au milieu des fougères ou sur la neige fraîche...mais bien curieux de te retrouver par là !!
A bientôt !! ?

J.CASANAVE a dit…

Je souhaite à Michel virtuel que sa colère porte des fruits positifs J.C.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.