16 avril 2007

Dieu a mis son corps entre nos mains… »
L’octave de Pâque se termine par la rencontre du Christ avec Thomas. Au moment où il faudrait galvaniser les troupes, leur donner non pas une « pêche d’enfer » mais de paradis, Jésus ressuscité ne trouve rien de mieux à offrir pour garantir sa vie nouvelle que l’exposition de ses plaies mortelles ! C’est d’ailleurs toute son attitude durant sa passion qui est étrange. Il parait totalement maître de son destin. C’est lui qui désigne le lieu des la cène, indique l’heure des ténèbres, qui remet Pilate à sa place « Tu n’aurais aucun pouvoir si… » Mais lorsque les autorités civiles ou religieuses lui demandent de décliner son identité, Il répond en renvoyant la question au contradicteur : « Es-tu le Messie ? C’est toi qui l’as dit ». Comme si, désormais, il remettait son identité elle même au bon vouloir des hommes.
Cette façon de faire est révélatrice de l’ensemble de son comportement dans les derniers jours de sa vie et dans l’acte de résurrection. Il se livre, sans résister, aux forces du Mal, au mépris de tout ce que nous pourrions attendre d’un Dieu ! Il exprime son besoin d’une aide fraternelle de la part des disciples apeurés : « Priez avec moi… ». Il souffre et ne cache pas la sueur de sang. Dans un dernier cri, il en appelle à Dieu : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? », avant de s’en remettre totalement à lui.
C’est au moment où chacun aurait besoin de mobiliser les forces de ses convictions, de se souvenir de quelque évènement retentissant que Jésus présente son visage le moins divin, le plus opposé à ce qu’Il Est. Si toutefois la Croix s’était terminée par la scène de la transfiguration ! Mais non. Le tombeau a beau être tout neuf, il reste tombeau.
Cette attitude paradoxale de Jésus ne révèle-t-elle pas l’être le plus profond de notre Dieu ? Un Dieu qui se donne à nous au point de remettre sa vie entre nos mains. Sa vie c’est son identité, c’est sa mission, son message. Il poussera l’illogisme jusqu’à demander au seul qui l’a officiellement trahi de devenir le soutien des autres apôtres !
Depuis le commencement du monde, l’homme n’a qu’un désir, mettre la main sur Dieu ou mettre Dieu à portée de sa main. C’est le combat qui a débuté dès la Genèse quand l’humain voulait s’approprier l’arbre de la connaissance du bien et du mal, c'est-à-dire sa Loi, sa Parole. C’est la mission qui fût celle des prophètes de préserver le peuple de l’idolâtrie. Mais cela n’a pas empêché la Croix. Grâce à elle, les forces du Mal ont mis justement la main sur Dieu et l’ont définitivement neutralisé. Et l’on ne peut s’empêcher d’entendre le ricanement des prétendus dieux de tous les temps qui voient enfin abattu Celui qui les contredit par sa seule présence. La déesse Nature et celle de la fécondité, les chefs des grands empires militaires, les divins Pharaons ou Césars, les Mammons de tous les âges, la souveraine Raison, la suprême Sagesse, la sublime Science, la toute puissante technique, ils étaient tous là au pied de la Croix se congratulant : Voici la fin du « Dieu fait Homme », voici le temps de « L’homme devenu dieu ».

Les princes de ce monde n’avaient pas compris qu’au lieu de mettre la main sur Dieu, c’est Lui qui remettait sa vie entre nos mains et par le fait même changeait le cours du temps. Il avait déjà réalisé cela le soir de la cène : « Ceci est mon corps.. ». Il a fallu que quelques femmes tremblantes et courageuses découvrent le tombeau ouvert et vide pour que nous comprenions que Dieu encore une fois nous échappait. Il était sur la route d’Emmaüs, Il était en Galilée, Il était là ou deux ou trois se retrouvaient en son Nom. Il s’échappait des mains crispées de nos faux dieux, pour s’offrir aux véritables « images » restaurées par son pardon. Victoire de la Croix, victoire de SA FOI au Père et en l’homme.
Ce n’est donc plus nous qui « parions » sur la résurrection du Christ, c’est Lui qui « parie » sur notre Foi, car désormais son existence au monde dépend de notre Foi, de notre responsabilité. D’où peut être l’étrange question d’Etty Hillesum, cette jeune femme juive internée dans les camps nazis, qui pourrait être la nôtre: « Que puis-je faire pour Toi mon Dieu ? ».
Etty Hillesum : »Une vie bouleversée » ed du Seuil pge 75

11 avril 2007

Lectures
Jean Claude Guillebaud nous offre dans « Comment je suis redevenu chrétien » ed Albin Michel, une analyse de son retour vers la Foi au Christ. Ceux de sa génération qui partagent avec lui les mêmes références culturelles comprendront mieux pourquoi, tant de leurs contemporains avaient délaissé ces sources d’eaux vives pour se fabriquer des citernes qui finirent pas se fissurer. Les plus jeunes puiseront dans ces pages toutes les raisons et le courage nécessaire pour ne pas se laisser intimider par les intellos de la dérision qui prennent pour cible tout ce qui touche au Christianisme avec un obscurantisme aussi borné que celui qu’ils s’imaginent combattre. Jean Claude Guillebaud dit avoir aussi redécouvert la Joie et l’Espérance. Ce sont aussi les nôtres dans la mesure où il y a de la joie dans notre « ciel » à fréquenter un frère tel que lui, dans l’espérance que d’autres fassent cette même Rencontre ! L’Ifocap-Adour s’honore d’avoir été à l’initiative sa venue, il y a quelques années, dans un amphi comble de la Fac de droit de Pau.
Livre à recommander à tous les « recommençants » !

Claire LY « Retour au Cambodge » ed de L’Atelier. Claire, dont les membres de la Formation Permanente ont bénéficié de l’enseignement l’an dernier, fait dialoguer en elle la catholique française et la Bouddhiste Khmer, et cela dans une langue française qu’elle manie à merveille ! Ceux et celles qui veulent comprendre comment se transmet une culture raffinée dans un univers étranger au nôtre, goûteront certainement la pédagogie de son père qui, par des récits successifs, initie sa fille à la grande tradition bouddhiste. Mais le message essentiel de Claire LY consiste à attirer notre attention sur le fait que sa conversion au Christ est éclairée par sa fréquentation de Bouddha et qu’elle comprend mieux le Bouddhisme quand elle le confronte avec la lumière de l’Evangile. Un ouvrage à méditer en ces temps de dialogue interreligieux ou de choc des cultures.

Enfin pour ceux et celles qui ont ouvert ou fréquenté des gîtes ruraux ou chambres d’hôtes, pour ceux et celles qui débarquent dans nos campagnes, pour les vieux ruraux qui gardé le sens de l’humour, un ouvrage récréatif mais très instructif, en tous les cas très perspicace : « Comment traire une poule ? Manuel à l’usage des nouveaux campagnards » de Marie et Hubert Deveaux Ed Chiflet. Bonne détente pendant cette pesante période électorale !!

04 avril 2007

Printemps.
Le printemps hésite entre soleil radieux et froides giboulées, chaleurs précoces et frimas tardifs. Chaque détour de chemin offre au marcheur son petit cadeau. Avril est particulièrement généreux. Ici le coin des humbles myosotis, plus loin les gracieuses anémones ; là le carré des asphodèles, celui des violettes et encore les fleurs des fraisiers des bois. Entêtées, les asperges sauvages se moquent des ronces et pointent leurs têtes de serpent par dessus les haies. Au même endroit, le même chêne pousse ses feuilles plus vite que les autres ; au carrefour le cerisier laisse éclater sa salve blanche comme pour narguer ses compères plus lents à la détente.
Mais quelle que soit la saison, la promenade du campagnard solitaire offre d’autres surprises. Ce sont ces enjoliveurs échappés des voitures, devenus des « enlaidisseurs » de grande marque ; ces bouteilles en plastique d’eau minérale vantant la pureté de leurs origines ; ces paquets de cigarettes qui font regretter l’absence de routes pour non fumeur ; ces billets de loto éparpillés qui en disent long sur la désillusion de l’acheteur qui rêvait fortune ; ces morceaux de tôle, témoins de quelque embardée nocturne. Passons sur les bidons de liquides en tous genres destinés à l’entretien des voitures ou des machines agricoles et ces canettes en métal qui étanchèrent le gosier de ces malpropres voyageurs.
Garez vous petites fleurs et tendres pousses, la débroussailleuse de l’équipement ignore les cycles de reproduction végétale. Elle vous engloutira bientôt dans ses mâchoires et vous aurez l’honneur de reconstituer le terreau des bas côtés que l’on appelait les fossés. Par contre elle pulvérisera métaux et plastiques. Ainsi la pollution plus discrète mais encore plus disséminée.
Incorrigibles français ! Nous avons l’un des plus beaux pays du monde et nous nous appliquons consciencieusement à le « saloper ». Consolez-vous pollueurs de tout poil et sachez au moins qu’en contemplant vos déchets, le marcheur anonyme, dans ce monde indifférent, pense « méchamment » à vous. Vous n’empêcherez pas la fougère salie de dérouler sa crosse cotonneuse dans la brume matinale.
Entre froidure et douceur, le printemps hésite ; entre révolte et engagement l’adolescent hésite ; entre droite et gauche la France hésite ; entre Rameaux et Vendredi noir, Christ poursuit son chemin….
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.