10 février 2007

La sixième heure.

Un puits, une homme fatigué, une femme venant chercher de l’eau, il est midi (la sixième heure) : le décor est campé d’une des scènes les plus connues de l’évangile de Jean.
Tout commence dans la banalité du quotidien si tant est que la vie de tous les jours soit banale ! Par le jeu des demandes et des réponses le besoin tout humain de vivre (l’eau) va se transformer en désir de vie éternelle et, au fur et à mesure de la progression du dialogue, la Samaritaine et Jésus vont se dévoiler mutuellement leur identité la plus profonde. Lui se présente d’abord comme un « homme fatigué » ; très vite il devient le « juif » en délicatesse avec les samaritains ; ce juif serait-il « plus grand que Jacob (plus que l’ancêtre?) » ; n’est-on pas en présence d’un « prophète », peut-être même du « Messie-Christ » ; enfin tout culmine lorsque lui-même déclare « Je le suis », faisant allusion au titre divin JE SUIS.
Ce qui est remarquable, c’est que sous l’effet conjugué des réponses de Jésus, toujours en décalé par rapport aux attentes de la femme et du dévoilement de ses identités successives, la Samaritaine, progressivement, se révèle à elle-même. D’une « femme de Samarie », elle devient « Samaritaine » (et il y a plus qu’une nuance !) ; très vite elle se place sur le domaine d’un désir d’être qui dépasse de très loin le besoin d’avoir de l’eau : elle est la femme aux « cinq maris »,c'est-à-dire aux cinq baals, considérée donc comme idolâtre aux yeux de ce « prophète » ; enfin elle se révèle prête à accueillir le messie pour peu qu’elle le rencontre et à devenir son disciple : « venez voir », dit-elle aux autres habitants ! Nous étions au ras de la margelle (au ras des pâquerettes dirait-on aujourd’hui), au bord d’une histoire conjugale scabreuse pour ceux qui ajoutaient les mauvaises mœurs à la mauvaise foi et nous voilà au sommet de la Rencontre.
Qui n’a jamais fait dans sa vie l’expérience de ces moments exceptionnels où à partir d’un échange banal, la conversion a pris une densité rare parce qu’au-delà de l’intérêt du sujet, elle a permis une découverte réciproque et progressive des personnes concernées.
Alors, quand l’une d’elle est la deuxième personne de la Trinité et qu’elle nous offre rien de moins que la Vie éternelle, le soleil s’arrête en plein midi comme pour Josué !
Ami, as-tu connu la sixième heure ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

lu

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.