27 septembre 2006

Des femmes prêtres ? (1)
C’est le titre de l’ouvrage, préfacé par le cardinal Poupard et réédité par Janine Hourcade, docteur en théologie. L’auteur a présenté la teneur de son travail il y a quelques jours à Pau. A l’entendre, l’Ecriture, la tradition, l’anthropologie, les dernières interventions du magistère, tout converge vers une impossibilité du ministère presbytéral féminin. Peut-on conclure que parce que la réponse à cette question a été jusqu’ici négative, elle le sera à jamais ? Isaïe en son temps déjà, annonçait qu’il y aurait du nouveau et Jésus lui-même nous a dit que l’Esprit Saint nous ferait faire des choses plus « grandes encore » que les siennes et nous mènerait vers la vérité tout entière..
Dans ce genre de discussion on focalise tout sur le prêtre et l’on oublie bien volontiers que le sacerdoce plénier est celui du Peuple de Dieu, habité par l’Esprit Saint. Dans cette communauté des croyants, celui qui est « signe-sacrement » véritable du sacerdoce du Christ et du peuple, c’est l’évêque. Il est le successeur des Apôtres, signe du Christ tête, en plénitude prêtre, prophète et roi. Le prêtre comme le diacre ne l’est que par participation au sacerdoce de l’évêque. Si, par respect pour le symbolisme du Christ époux de l’Eglise, on tient à distinguer les sexes pour mieux honorer leur complémentarité et leurs différences, pourquoi l’évêque ne pourrait-il pas confier un ministère aux femmes, comme il ordonne les diacres et les prêtres pour être ses collaborateurs dans son ministère apostolique?
En ces temps de rapprochement avec les orthodoxes, la question peut paraître inopportune. Mais si les hommes ne veulent plus être prêtres et si les femmes ne le peuvent pas, que feront les évêques pour partager leur ministère fondamental pour l’Eglise ?

Aux éditions « Parole et silence » 2006

18 septembre 2006

Violence et religion.
Le Pape réfléchissant sur les rapports entre raison et Foi a cité un dialogue remontant au 14ème siècle entre un empereur d’Orient et un savant persan. Déchaînement des foules dans de nombreux pays musulmans. Certains ont vite fait l’amalgame entre ces propos et les fameuses caricatures qui enflammèrent, il y a quelques temps, les mêmes masses rassemblées « spontanément ». Il n’y a dans les paroles du Pape aucune caricature de l’Islam si ce n’est le rappel de la vérité. Et c’est vrai qu’au 14ème siècle un dialogue pouvait avoir lieu même s’il était rude. Comme il est encore vrai qu’il existe dans le Coran une sourate, d’ailleurs citée dans le texte, qui dénonce la contrainte en matière de religion et d’autres qui appellent au combat contre les non croyants et les polythéistes (c'est-à-dire les chrétiens croyant en un Dieu trinité).
On peut rétorquer qu’on trouve la même chose dans la Bible comme l’a fait remarquer Odon Valet dans une émission télévisée. C’est exact. A la différence prés que dans le Christianisme l’Ecriture a toujours donné lieu à une explication de la part du magistère et que dans l’Islam le Texte ne se prête pas à l’exégèse sauf dans des courants très minoritaires.
Enfin, je crois me souvenir que Jean Paul II a publiquement demandé pardon de la part de l’Eglise pour les exactions qu’elle avait pu commettre- et elles furent nombreuses- dans son histoire. Il ne l’a pas fait par opportunisme politique mais par fidélité à son fondateur qui, lui, n’a jamais pris les armes ni conquis des territoires pour répandre son message. La seule réponse à un pardon demandé, c’est un autre pardon demandé. Comme le disait un rabbin juif à un de mes amis : « Vous êtes en avance d’un pardon… »
Le dialogue est plus que jamais nécessaire mais il restera difficile à entamer tant que deux conditions ne seront pas reconnues. D’une part l’ouverture du texte au travail de la raison et en cela l’intervention du Pape reste d’actualité ; et d’autre part la perspective d’un pardon accordé et demandé et ici les mystiques des deux religions ont des actes majeurs à poser aux yeux du monde.

12 septembre 2006

Unité
La presse nous apprend que « Rome organise le retour des intégristes » selon le titre du journal « La Croix » du 11 09 06. La lecture des conditions requises pour que ces 5 prêtres aient droit à une société apostolique de droit pontifical m’a laissé pantois. Ayant lu de temps en temps la doctrine distillée par les deux principaux intéressés de cette affaire, ayant constaté, d’autre part et en d’autres circonstances la rigidité de certaines sentences romaines, on aurait pu s’attendre à un peu plus de fermeté. Je comprends le souci du Pape. Au moment où il déploie beaucoup d’efforts vis-à-vis des orthodoxes, il veut se rendre crédible en pratiquant l’œcuménisme en interne. Mais cet œcuménisme ci ressemble beaucoup plus à un accord à minima qu’à un effort de conversion vers le haut. Pour des gens qui bavent depuis des années sur « l’horizontalisme » de l’Eglise, on se serait attendu à plus de verticalité. Quoiqu’il en soit Rome est bien tombée en faisant du cardinal de Bordeaux le gérant, si ce n’est le concierge de cette nouvelle « maison à deux étages ». Il a de l’estomac pour avaler les couleuvres présentes et les « nœuds de vipères » futurs.
Une chose toutefois me séduit dans cette pratique de l’Eglise ? J’ai cru lire que ces nouveaux venus avaient un droit à « une critique sérieuse et constructive du Concile ». Si eux peuvent donc exercer ce droit sur un acte aussi capital de la vie et de la doctrine de l’Eglise universelle, j’en conclus que nous, les pauvres prêtres nés du Concile, nous pouvons exercer ce même droit sur toute autre déclaration officielle, mineure par rapport à un Concile. Merci, Monsieur le Cardinal Dario Castrillon Hoyos !
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.