03 avril 2006

Comme gémit la tourterelle…

Avec les beaux jours revenus et le temps des amours retrouvés, les tourterelles familières viennent donner leurs roucoulades au plus prés des oreilles humaines, comme pour les associer au renouveau de la nature tout entière. Ce concert printanier laisse échapper parfois une mélopée plaintive, celle d’un oiseau effarouché ou tout simplement mélancolique. Perché sur son toit, observateur attentif d’un quotidien à la joie absente, il répète inlassablement son message désabusé : « Vanité des vanités…Rien de nouveau sous le soleil… »
Des élections sans enthousiasme ont eu lieu en Israël. Comment, alors, ne pas entendre, en écho, ces colombes qui peuplent le pays de la Bible, et qui, longtemps, ont été vouées aux offrandes du Temple. Maigre substitution, réservée aux pauvres qui ne pouvaient pas sacrifier bœufs, taureaux ou agneaux, la colombe n’était pas seulement destinée au culte. Elle était devenue au cours des siècles le symbole même du peuple de la première alliance. Inconstant comme « une tourterelle écervelée », pourchassé par de cruels ennemis, il criait, comme elle, sa plainte infinie à la face de Dieu.
Tourterelles et colombes d’Israël et de Palestine ne connaissent pas les frontières de 1948 ni celles des territoires occupés. Apeurées par les faucons, leurs vols s’entrecroisent et leurs plaintes se confondent. Trouvera-t-on encore un Noé, pour confier à l’oiseau innocent, l’improbable mission de ramener un brin de paix dans cet amoncellement de violences et de rancoeurs. « Viens ma bien aimée, ma toute belle…le roucoulement de la tourterelle se fait entendre sur notre terre… ma colombe cachée au creux du rocher…montre moi ton visage ! »(Le Cantique)

Aucun commentaire:

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.